Tous les berbères de la kabylosphère sont des descendants spirituels de la guerrière Lalla Fatma N'Soumer.
Dans la lignée d'une Kahina, elle a inspiré des générations entières de révolutionnaires contre l'oppresseur colonial.
- Interlude Amazigh: À quoi pouvait bien ressembler le drapeau du Roi Massinissa ?
Un exemple patriotique qui ne peut que forcer l'admiration au regard de son héritage mémoriel.
Aujourd'hui, plus que jamais, elle incarne l'insoumission qui carcatérise la fierté algérienne.
Portrait dressé par la politologue Feriel Lalami Fates. (© Capture d'écran | France Culture via YouTube)
Lalla Faḍma n Sumer - qui est la version tamazight kabylisée de son nom - a vu le jour quelques semaines après le commencement de la conquête coloniale de l'Algérie en juin 1830.
C'est donc privée du parfum de la liberté qu'elle s'est retrouvée à grandir dans le village kabyle d'Ouerdja (ou "ⵡⵔⵊⴰ" en tifinagh) situé dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
- Pause sentimentale: Quelques phrases d'amour rifaines à connaître absolument
Une privation qui a aiguisé son appétit contestataire, elle qui a vécu sous le joug d'une puissance étrangère.
Issue de le haute aristocratie lettrée, principalement portée sur les études coraniques, elle a hérité d'un bagage culturel qui a forgé sa conscience politique.
Une plaque commémorative temporaire à son effigie a même été inaugurée à Bruxelles. (© Capture d'écran | Canal Algérie via YouTube)
Fille du Sheikh Ali et de Lalla Ben Aissi Khlidja, son rang la destinait à un mariage endogame avec un homme de son rang, en l'occurence son cousin.
Au final, c'est dans le cadre d'une démarche religieuse quasi-mystique qu'elle a rejoint avec son frère - Si Mohand Tayeb - le maquis.
- Parenthèse biographique: Saviez-vous que le père d'Isabelle Adjani - un certain Mohammed Chérif Adjani - avait contribué à la libération de la France en 1944 ?
Recevant l'avale de sa tribu - celle des Illilten - elle a défié l'une des meilleures armées au monde en succédant en 1854 à Chérif Boubghla, le chef des forces rebelles.
Jeanne d'Arc Amazigh, elle a transcendé les combattants de par son charisme de tous les instants infligeant de lourdes pertes aux troupes françaises.
Bande d'annonce du film Fadhma N'Soumer réalisé par Belkacem Hadjadj. (© Capture d'écran | GénieVision via YouTube)
Finalement capturée au combat le 11 juillet 1857, elle s'éteinte en résidence surveillée à l'âge de 33 ans, en septembre 1863.
Sa vie a par la suite été mise en toile dans un film du réalisateur Belkacem Hadjadj - Fadhma N'Soumer - sorti en 2014.
Et c'est l'actrice française Laëtitia Eïdo, qui a relevé le défi d'incarner à l'écran cette héroïne décoloniale du XIXème siècle.
Aujourd'hui, sa descendance n'est certes pas généalogique dans la mesure où elle n'a pas eu d'enfants de son vivant.
Mais elle n'en reste pas moins immatérielle, puisqu'elle personnifie une Algérie désormais affranchie.