Saviez-vous que Jacque Villeret - de son vrai nom Jacky Boufroura - avait un père originaire de Kabylie, en Algérie ?
Ce dernier - qui s’appelait Ahmed Boufroura - a eu impact non-négligeable sur la trajectoire cinématographique de son fils.
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Pourtant, rares sont ceux, parmi les Imazighen de France et de Navarre, qui connaissent cette ascendance berbère.
Tout le monde connaît le grand acteur que fut Jacques Villeret mais peu de gens connaissent son vrai nom Mohamed Boufroura fils d' Ahmed Boufroura #BlanquerDemission pic.twitter.com/dkfdJxNbIq
— Mohamed Nathmaza 🇵🇸 (@nathmaza) March 27, 2021
Il serait donc temps d'en savoir davantage sur cette figure paternelle qui a donné naissance à l'une des plus grandes stars du cinéma français.
Car à l'instar de Dany Boon ou d'Isabelle Adjani, de nombreux acteurs kabyles sont devenus des personnalités reconnues internationalement pour leur immense talent artistique.
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Rentré au Panthéon du cinéma français avec des films cultes tels que Le Dîner de con ou La Soupe aux choux, Monsieur Boufroura ne fait pas exception à la règle.
Né le mardi 6 février 1951 à Tours, les hasards de la vie l'ont conduit à grandir éloigné de son père biologique, Ahmed Boufroura.
En effet, ce dernier, qui est venu travailler en France dans les années 1940, n'a jamais pu élever son propre fils.
Lorsqu'il rencontre Annette Bonnin, une jeune apprenti coiffeuse, il est alors âgé de 27 ans, quand elle n'en a que 16.
La différence d'âge n’étant qu'un décalage horaire, le coup de foudre est quasi-immédiat entre les deux.
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Mais dans la France catholique des années 1950, cette liaison conjugale provoque un scandale régional.
Les indigènes issus des colonies n’étant pas encore perçus comme des bons partis...
Enceinte de plusieurs mois, elle est discrètement mariée le mardi 23 octobre 1950 pour éviter qu'elle n’hérite du statut déshonorant de mère-fille, avant d’être séparée pour de bon du géniteur de son enfant suite à une plainte pour détournement de mineur.
Le divorce est prononcé alors que ce dernier n'a que 9 mois.
Très vite, elle se remarie avec un certain Raymond Villeret, alors intendant de lycée.
Père de substitution, il lui offre son patronyme ainsi que beaucoup d'amour.
À l’état civil, Jacky Boufroura devient alors Jacques Villeret.
Une double-identité qui tourmentera le comédien durant toute sa vie d'adulte.
(Extrait d'une interview d'Ahmin Boufroura par La Nouvelle République | Image via Canva.com)
Cette schizophrénie identitaire a commencé dès l'âge de 7 ans, lorsqu'il apprend la vérité sur sa situation familiale.
La scène devient alors son échappatoire.
Une issue de secours salutaire face à un réel sans repère.
Jouer sur les planches, au-delà de la passion, était une oxygène nécessaire à sa respiration.
L'alcool est malheureusement venu par la suite...
Au point que sa première épouse, Irina Tarassov, a failli mourir brûlée lorsque son illustre compagnon a tenté de mettre le feu au lit conjugal suite à une beuverie de trop.
Un chaos émotionnel qui n'est que la résultante d'une volonté de masquer sa "kabylité".
Il a attendu 1991 pour rencontrer son père biologique dans un café parisien.
Sketch humoristique de Jacky Boufroura sur la Grande-Bretagne. (© Capture d’écran Ina.fr | Chaîne de INA Humour sur YouTube)
Par la suite, il croisera même son demi-frère - Ahmin Boufroura - qui reste l'un des derniers témoins de la branche algérienne de son arbre généalogique.
En mai 2014, il a accordé une interview à La Nouvelle République pour présenter au grand public cette part d'ombre.
Il explique par exemple que l'acteur d'origine kabyle Daniel Prevost avait tenté de l'emmener sur la terre de ses ancêtres en Kabylie.
Sans succès...
Jusqu'à son dernier souffle - un vendredi 28 janvier 2005 - il s'est employé à étouffer son "algérianité" pour ne rester que Villeret - le Français.