Légende pour les uns, père spirituel pour les autres, Youcef Medkour, alias Youcef Amazigh, est véritablement un pilier du monde berbère.
Sans lui, la Tamazgha n'aurait pas d'étendard.
Sans lui, les Imazighen seraient orphelins d'un symbole fédérateur.
Le concepteur du drapeau Amazigh Youcef Amazigh offre une écharpe au Dr Said SADI lors de la rencontre-dédicace de ce dernier.
— Salem Marek (@SalemMarek) June 6, 2021
Un moment riche d’enseignement, la démocratie est consubstantielle à l’Amazighité ! pic.twitter.com/sax7dfYP2S
Il est de la race de ceux qui bâtissent.
Ceux qui permettent à des civilisations d'exister.
Son héritage est immense.
Et son parcours de militant mérite qu'on s’intéresse aussi à sa vie.
La naissance du drapeau Amazigh
Le 12 janvier 1970 est à marquer d'une pierre dans l'histoire berbériste.
À l'occasion de Yennayer, le jour de l'an du calendrier agraire, un emblème est né.
Celui du drapeau Amazigh.
Celui de tout un peuple, qui pèse aujourd'hui 40 millions d'habitants.
Et son géniteur n'est ni plus ni moins qu'un Algérien venu de Kabylie.
Ce dernier a crée cet emblème sans se douter, à l'époque, de l'importance qu'il allait avoir.
Originaire de Djemaâ Saharidj, dans la wilaya de Tizi Ouzou, Youcef Medkour est un ouvrier parti en France, à Paris, en 1957, en pleine guerre d’Algérie.
C'est au cours de cette époque qu'il côtoie de près les cercles militants pro-berbères, rencontrant notamment des figures iconiques, tels que Mohand-Amokrane Khelifati, en 1965.
Ce réseautage renforce en lui sa volonté de combattre pour ses frères berbères.
C'est pourquoi, en juin 1966, il participe avec des militants engagés, comme Mohand Said Hanouz, Youssef Achour, Hamici Hamid ou encore Mina Charlette à la création de l'Académie berbère.
Cette association culturelle proposait de défendre le patrimoine immatériel Amazigh.
En publiant notamment, et en tifinagh, une écriture vieille de plusieurs millénaires, la revue Imazighen.
C'est donc dans cette effervescence identitaire qu'est née le drapeau Amazigh, pour le Gala de l'Académie du 25 janvier 1970.
Déjà en décembre 1969, après avoir acheté quelques rouleaux de tissu au marché Saint-Pierre, il avait proposé à des militantes de concevoir l'emblème avec leurs machines à coudre à partir de dessins.
Un premier carton de 200 drapeaux carrés a ainsi pu voir le jour.
Le Dr Saïd Sadi, en voyant la forme de ces prototypes, a plutôt suggéré d'opter pour une forme rectangulaire.
Une ultime modification adoptée avant sa diffusion, d'abord au sein de l’Académie puis au reste de la société.
Un symbole qui aujourd'hui fédère bien au-delà des frontières
La popularité de cet étendard a très largement dépassé celle de son créateur.
Ses couleurs, réparties en trois bandes égales, symbolisent la mer pour le bleu, l'immensité du Sahara pour le jaune, et les montagnes pour le vert.
Soit les mêmes nuances trouvables sur les bijoux berbères.
Cette colorimétrie forme une carte de la Tamazgha (en tamazight : ⵜⴰⵎⴰⵣⵖⴰ).
Au centre du drapeau, on peut voir la lettre Yaz (ⵣ) en rouge, qui est une référence à l'« l'Homme libre ».
Peu de gens connaissent Youcef Medkour, mais tout le monde connait son oeuvre.
Malgré tout, nombreux sont ceux qui lui rendent encore hommage.
1) Ses origines :
— Yus Atlas (@YusAtlas) April 21, 2021
Le drapeau Amazigh est un drapeau créé par le grand militant amazighiste kabyle Youcef Medkour pic.twitter.com/2lFVoczA4I
Répéter un mensonge ne deviendra jamais la vérité. Cet emblème est l'œuvre de Youcef amazigh
— 💛💚ANYROU🐺⚫🔴 (@carlitodemas) November 2, 2019
C'est Youcef medkour qui a confectioner le drapeau amazigh contrairement a celui de la ligue arabe concu par les anglais
— M'bark IND (@MSALY2020) August 30, 2020
Il a pu, de son propre chef, confectionner et diffuser des milliers d'exemplaires en Libye, en Algérie, au Maroc et en Tunisie.
Dans les décennies suivantes, il a activement contribué à sa diffusion, au Maghreb et dans les diasporas, au cours de nombreuses manifestations.
Malgré les dangers, malgré les répressions, malgré les menaces permanentes.
En juin 2019, il a par exemple été interdit lors du Hirak par le général Ahmed Gaïd Salah.
C'est un emblème qui dérange certaines institutions politiques, en Afrique du nord, qui craignent l'émergence d'un mouvement régionaliste factieux.
C'est pourquoi beaucoup de berbéristes militent pour la création d'un émoji du drapeau Amazigh.
Afin d'offrir à cet étendard une existence numérique qui s'affranchit enfin du joug des Etats oppresseurs.